jeudi 18 avril 2019

Un personnage aussi connu que Voltaire

Question: La perspective de vous attaquer à un personnage aussi connu que Voltaire vous a-t-elle effrayé  ? Quels éléments de sa vie vous ont donné envie de lui consacrer un album ?

Philippe Richelle: Deux éléments ont été déterminants dans le choix de Voltaire plutôt que d’un autre philosophe des Lumières (Diderot, par exemple). Sa vie, d’abord : elle réunit tous les ingrédients d’un passionnant roman. Voltaire a alterné les périodes de succès avec les traversées du désert ; il a connu l’exil, la prison même… Sa personnalité ensuite, qui était d’une extrême complexité.
 C’était un homme pétri de contradictions. II avait l’âme d’un courtisan et, dans le même temps, il attaquait dans des pamphlets « anonymes » les puissants dont il sollicitait l’appui ou les faveurs. Il adorait les mondanités mais appréciait la solitude davantage que la plupart des gens. Il était âpre au gain (certains diront « cupide ») mais pouvait faire preuve d’une grande générosité (par exemple, il a fertilisé les terres de Ferney, bâti une école pour les enfants du village et même… rénové  l’église  locale !).  Ce  ne  sont  que  quelques  exemples  parmi  beaucoup d’autres…


mardi 16 avril 2019

Pourquoi avoir décidé en 2017 de vous lancer dans un tout autre projet ?

 Question: Philippe Richelle, Jean-Michel Beuriot, les lecteurs de bandes dessinées vous connaissent bien pour votre série Amours fragiles dont sept tomes sur les neuf prévus sont déjà parus. Pourquoi avoir décidé en 2017 de vous lancer dans un tout autre projet ?

 Jean-Michel Beuriot : Cette envie d’aborder le XVIII ème  siècle, et plus particulièrement le siècle des Lumières, remonte à une dizaine d’années. C’était une envie que nous partagions, Philippe et moi. Dans le contexte actuel de montée des obscurantismes religieux, il nous semblait intéressant de revenir sur cette période qui a vu l’émergence d’un mouvement littéraire, philosophique et scientifique, qui s’opposait à la superstition, à l’intolérance et aux abus de l’Église et de l’État.

Philippe Richelle : L’idée était de créer un cycle court de trois ou quatre volumes, consacré aux Lumières. Le projet en est resté là (comme d’autres qui nous  viennent  à  l’esprit  lors  de  nos  rencontres  régulières).  Et  puis, en  2014, Casterman nous a proposé de faire un one-shot qui serait une sorte de respiration entre deux albums d’Amours fragiles. L’idée était surtout de permettre à Jean-Michel d’opter pour une approche graphique différente. Un dessin plus rapide, plus « jeté », par exemple. Après de nombreuses recherches, Jean-Michel a choisi cette technique de couleurs directes à l’aquarelle (dont il parle en détail plus loin). J’avoue que le résultat m’a bluffé…