Comment avez-vous procédé pour faire le tri parmi tous les documents disponibles ?

Question: Comment avez-vous procédé pour faire le tri parmi tous les documents disponibles? Est-ce un récit qui se veut le plus exact historiquement parlant ou bien vous êtes-vous accordé l’une ou l’autre liberté, que ce soit du point de vue scénaristique ou pictural ?

Philippe Richelle : Au terme de mon long travail de documentation, il m’est apparu que la seconde partie de sa vie (et en particulier sa vieillesse) était beaucoup plus intéressante que la première. Le jeune Voltaire était auteur dramatique.

Ses tragédies étaient tantôt des succès, tantôt de retentissants échecs (qui le plongeaient dans un profond accablement). En 1726 (il a 32 ans), il est embastillé à cause d’une sordide histoire d’ordre privé, puis condamné à l’exil. Il se retrouve en Angleterre et découvre une société très en avance sur la France sur le plan des libertés individuelles. Il consigne par écrit tout ce qu’il observe. Ce séjour en
Angleterre marque un tournant : l’homme de lettres va, peu à peu, se muer en philosophe…

Sa vieillesse apparaît comme la plus marquante et la plus étonnante des périodes de sa vie. Retiré dans son château de Ferney, il pourrait couler une retraite tranquille : il est connu internationalement, il est bien nanti… Au lieu de cela, il va s’impliquer activement dans trois affaires criminelles (Calas, Sirven, La Barre), pour combattre l’arbitraire et l’aveuglement de la justice royale.

L’affaire la plus marquante, à mon sens, est celle du chevalier de La Barre, un jeune aristocrate d’Abbeville, désargenté, ouvert aux idées nouvelles (il a dans sa bibliothèque un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire). En 1765, il est accusé (avec quelques amis, mais c’est lui qui est considéré comme le meneur) d’avoir vandalisé le Christ en croix qui se trouve sur le pont de la ville et d’avoir chanté des refrains blasphématoires… Il est condamné à mort par la justice locale.
Le Parlement de Paris (qui était un tribunal, à l’époque) confirme la sentence en appel… Apprenant la mort de La Barre, Voltaire est horrifié et scandalisé. Il va s’employer, au péril de sa santé, à « retourner » l’opinion publique pour réhabiliter la mémoire du jeune homme et sauver la tête des autres « coupables »…

Je précise qu’avec Jean-Michel, nous avions aussi projeté, voici quelques années, d’aborder cette affaire… Je n’avais aucune envie d’écrire un biopic «  classique ». J’ai donc eu l’idée de ces entretiens entre le vieux Voltaire et un jeune homme (fictif) qui veut écrire sa biographie. Voltaire aborde des épisodes de sa jeunesse. Son orgueil l’amène à réinterpréter certains de ceux-ci à son avantage (ce qui crée régulièrement des décalages entre ses propos et les images du passé). L’action se déroule en 1765, c’est-à-dire au moment où débute l’affaire La Barre, que nous retraçons en parallèle.

Jean-Michel Beuriot : J’ai très vite décidé de m’inspirer de la peinture rococo pour reconstituer l’époque. Le récit porte sur une période assez longue de la vie de Voltaire, les modes vestimentaires ont changé au cours du siècle, j’ai donc tenu compte de ces transformations. J’ai essayé de trouver une documentation iconographique sur tous les lieux dans lesquels Voltaire s’est rendu.

Chez l'imprimeur

L'album fut imprimé chez Graphius à Gand le 29 avril 2019. J'étais accompagné par  Nicolas GILLAIN qui me prodigua ses bons conseils.

Prendre la bonne décision.

Après une légère mise au point, je signe le bon à tirer

Prendre son temps pour la couverture

Comparer avec les épreuves

L'attente entre l'impression des feuillets, avec Nicolas Gillain

Dans deux semaines, l'album sera fabriqué et livré.